La Banque mondiale vient d’accorder un don de 20 millions de dollars au Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS). Le financement fait partie d’une enveloppe de 170 millions de dollars de la banque destinée à appuyer l’initiative régionale visant à promouvoir l’irrigation dans 6 pays du Sahel, lesquels recevront également 25 millions de dollars chacun, afin de booster leur production agricole.
Le 18e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) s’ouvre ce mercredi 6 février à Niamey au Niger sous de bons auspices. En marge de la tenue des instances du Comité, la Banque mondiale et le CILSS ont procédé à la signature d’un accord de don d’une valeur de 20 millions de dollars. Le financement entre dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’appui régional à l’Initiative pour l’Irrigation au Sahel (PARIIS) qui a été approuvé par le Conseil d’administration de la Banque mondiale, le 5 décembre dernier. Il fait partie d’une enveloppe de 170 millions de dollars approuvé par la Banque et visant, sur une durée de six ans, à contribuer à la réalisation de l’objectif de haut niveau de l’Initiative à savoir «une agriculture irriguée en expansion, productive, durable, rentable, créatrice d’emplois et assurant la sécurité alimentaire au Sahel». Selon la Banque mondiale, les six pays du Sahel concernés par la mise en œuvre du PARIIS (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad, Sénégal) recevront chacun un financement de 25 millions de dollars. A ce jour, seul le Tchad a déjà signé son accord de financement le 23 janvier alors que les autres pays sont encore en processus de signature.
Le PARIIS est le premier projet opérationnel de l’Initiative pour l’irrigation au Sahel (2iS) et vise à répondre aux besoins concrets d’investissements des Etats, et assurer au niveau régional la qualité, l’harmonisation et la réplicabilité des solutions d’irrigation identifiées et mises en œuvre dans les Etats. «L’Initiative pour l’irrigation au Sahel (2iS) est une initiative conjointe des six pays du Sahel, coordonnée par le CILSS, soutenue par les communautés économiques régionales (CEDEAO et UEMOA) et appuyée par la Banque mondiale» précise la même source. Elle s’inscrit dans la suite du Forum de Haut niveau sur l’irrigation tenu en 2013, à Dakar, qui s’est conclu par l’adoption d’une Déclaration par les Gouvernements des six pays et leurs partenaires, invitant les parties prenantes à accroître dans les pays cibles, les investissements dans l’irrigation, en vue d’atteindre 1.000.000 d’ha irrigués au Sahel à l’horizon 2020.
Accroissement des surfaces irriguées
L’objectif de développement de ce projet soutenu financièrement par la Banque mondiale est d’«améliorer la capacité des parties prenantes à développer et gérer l’irrigation et à accroître les superficies irriguées en suivant une approche régionale basée sur les solutions, dans les pays participants du Sahel». Les bénéficiaires directs du projet seront des agriculteurs qui en plus des investissements financés dans le cadre du projet profiteront indirectement de la capacité accrue des acteurs publics et privés à fournir des services d’irrigation améliorés. Les systèmes d’irrigation prévus bénéficieront directement à 58.000 agriculteurs, provenant majoritairement de ménages pauvres, avec un accent particulier sur la petite et la moyenne irrigation. Selon les détails du projet, environ 35% des bénéficiaires directs seront des femmes. Les bénéficiaires indirects sont estimés à quelques 480.000 personnes au total et les superficies aménagées ou revitalisées projetées à 23 000 hectares. Le projet met en avant le concept de «solutions d’irrigation» qui allie quatre volets essentiels notamment un modèle institutionnel avec des infrastructures et des technologies adaptées, un mécanisme de financement, et un programme de formation pour que les parties prenantes puissent répondre aux exigences du système d’irrigation utilisé. «Dans les six pays, des zones d’intervention du projet (ZIP) ont déjà été identifiées par des équipes nationales, selon un processus participatif validé par les parties prenantes nationales» précise la Banque dans le communiqué publié à l’issue de la signature de l’accord.
« Le PARIIS contribuera à la réalisation des objectifs primordiaux de l’Initiative pour l’irrigation au Sahel : une agriculture irriguée en expansion, productive, durable, rentable, créatrice d’emplois et assurant la sécurité alimentaire au Sahel et partant, de la Coalition Mondiale sur l’eau au Sahel ».
D’après toujours la Banque, la mise en œuvre du projet s’appuie sur une vision partagée entre les six pays afin de développer des solutions innovatrices d’irrigation, d’augmenter la production agricole et assurer la sécurité alimentaire dans la région du Sahel. Au niveau régional, le projet sera mis en œuvre par le CILSS qui en assure également la coordination d’ensemble et au niveau national, par chacun des six pays bénéficiaires. Le lancement officiel du démarrage de la mise en œuvre du PARIIS, se fera à Dakar après l’entrée en vigueur du Projet.
Il convient de noter que le CILSS a été créé le 12 septembre 1973 à la suite des grandes sécheresses qui ont frappé le Sahel dans les années 70. Il regroupe 13 États membres pour l’essentiel de l’Afrique de l’Ouest. Le sommet de Niamey est destiné à impulser une nouvelle dynamique à l’organisation afin de faire fac aux nouveaux défis notamment ceux induits par le changement climatique et la croissance démographique en cours sur le continent.