Visite-terrain au Projet d’Accès à l’Irrigation pour la Culture du Coton au Burkina Faso
A la faveur de l’atelier intersites de l’UCRP du Projet d’Appui Régional à l’Initiative pour l’Irrigation au Sahel(PARIIS) du 06 au 09 février 2019 à Bobo Dioulasso, une visite de terrain a permis de visiter quelques réalisations faites par le Projet d’Accès à l’Irrigation pour la Culture du Coton au Burkina Faso (PAICC-BF), mis en œuvre par la Société Burkinabé des Fibres Textiles (SOFITEX).
Dans le cadre du PARIIS, le Burkina Faso a bénéficié spécifiquement d’un appui pour mettre en œuvre, une approche innovante de coton irrigué.
D’un coût global d’environ 6 milliards de F CFA, ce projet est financé conjointement par la Banque Mondiale sur un fond provenant du Partenariat mondial pour l’aide basée sur les résultats (GPOBA), la Société Financière Internationale (SFI), les banques commerciales et la SOFITEX.
L’objectif du projet(2018-2021) est de soutenir les producteurs de coton dans la chaîne d’approvisionnement de la SOFITEX, pour améliorer la productivité au champ et mieux faire face aux précipitations extrêmes liées au changement climatique.
Selon Moumini OUAMDAOGO, Ingénieur agronome dans l’équipe du projet, l’irrigation d’appoint est une méthode innovante qui consiste à collecter les eaux pluviales dans un bassin construit sur la parcelle d’un producteur. Cette eau sera utilisée pour arroser le champ pendant les périodes critiques de croissance de la plante, telle que la levée, la floraison ou la fin de cycle.
Les activités du projet consistent à :
- La formation des agents d’encadrement de la SOFITEX aux techniques de conservation des eaux et des sols/ défense et restauration des sols (CES/DRS),
- La formation des producteurs de coton de la Zone SOFITEX aux techniques de conservation des eaux et des sols/ défense et restauration des sols (CES/DRS),
- L’aménagement des parcelles en Bassin de Collecte des Eaux de Ruissellement (BCER) et en ouvrages anti érosifs (Cordons pierreux digue filtrante)
La Banque mondiale apporte aux producteurs bénéficiaires, une subvention de :
- 80% pour les aménagements de BCER et le matériel d’irrigation,
- 50% pour les ouvrages et kit d’outillages anti érosifs.
Les producteurs ont un apport moyen de 20 à 25% pour l’ensemble des interventions du projet, en fonction de la taille des ouvrages à réaliser dans leurs parcelles.
La SFI soutient en plus, le projet en fournissant une assistance technique et une formation à la SOFITEX, pour l’amélioration des techniques agricoles et l’adoption de technologies.
Le PARIIS Burkina apporte également son appui pour la bonne exécution du projet dans les domaines administratif, technique, matériel et financier.
L’accord de don GPOBA est déjà mis en vigueur depuis le 20 juin 2018.
Visite sur le site du village de Tondogosso
La mission a pu observer les aménagements réalisés sur la parcelle de SANOU Ouiyaga, producteur de coton à Tondongosso à une vingtaine de kilomètre de Bobo Dioulasso.
03 ha ont été aménagés au cours de l’année 2018. Il a bénéficié de 03 BCER de 200m3 chacun. Ces aménagements ont permis de stocker les pluies de fin de saison hivernale. Les Bassins de Collecte des Eaux de Ruissellement (BCER) ont été étanchéitisés avec de la géo membrane et les balises de sécurité ont été réalisées pour éviter l’accès des animaux et des personnes non habilités à se retrouver aux abords des plans d’eau.
Le matériel de pompage ainsi que le kit d’irrigation composé de la tuyauterie et du matériel d’aspersion ont été fournis.
Le producteur SANOU Ouiyaga compte faire du maraîchage avant l’installation de la prochaine saison, pour utiliser l’irrigation sur sa culture du coton.
Site expérimental de Boni
La ferme expérimentale de Boni qui a une superficie de 200ha et est située à une centaine de km de Bobo-Dioulasso, sert de ferme de multiplication semencière pour la, SOFITEX. Le site permet également de réaliser des tests expérimentaux et des travaux de recherche agronomique.
Les années 2016 et 2017 ont été consacrées aux expérimentations sur le type de BCER, le matériel d’étanchéisation, le système d’irrigation ainsi que des visites commentées à l’endroit des techniciens de SOFITEX et aux producteurs.
07 types de BCER ont été expérimentés qui ont permis d’aboutir au BCER de 200 ou 300m3 avec la géo membrane comme matériel d’étanchéisation.
Comment se fera l’appui du projet aux cotonculteurs ?
Les agriculteurs, par l’intermédiaire des Groupements de Producteurs de Coton (GPC), contractent des prêts auprès des banques commerciales locales pour financer l’achat d’intrants au début de la saison de croissance (semences, engrais, pesticides). Après la récolte, la Sofitex rassemble la production des GPC, traite et conditionne le coton pour la vente sur le marché international.
Les interventions du nouveau projet appuieront les agriculteurs dans trois domaines :
Formation des agriculteurs à la construction d’une infrastructure de gestion de l’eau à petite échelle pour la récupération des eaux de pluie, à l’utilisation, l’exploitation et l’entretien des équipements d’irrigation destinés à fournir un équipement d’irrigation supplémentaire pendant la phase critique de croissance du coton et aux bonnes pratiques agricoles de gestion des sols et des eaux ; Subventions partielles en soutien aux investissements dans la réduction de l’érosion par l’installation de levées en pierre et de conduites de collecte d’eau destinées à retenir dans les sols, l’eau de pluie; Facilitation de l’accès des agriculteurs au financement de leur part de ces investissements
« Les innovations dans la chaine des valeurs de la production telle que celles menées par le PAICC-BF, sont à même d’améliorer significativement la compétitivité du coton africain et peuvent constituer une nouvelle opportunité pour l’agriculture en Afrique de l’ouest et l e PARIIS en est une parfaite illustration », se convainc Georges Yaméogo, le Coordonnateur du PAICC-BF.
De fortes attentes sur le projet
Les résultats attendus à la fin du PAICC-BF sont ;
– 1 000 agriculteurs ont leurs parcelles aménagées en cordons pierreux et en Bassins de Collecte des Eaux de Ruissellement (BCER) ;
– 3 000 ha de terrain sont aménagés ;
Le projet est organisé autour de deux composantes, à savoir :
-La construction de cordons pierreux ;
-La réalisation de Bassins de Collecte des Eaux de Ruissellement (BCER) ;
Les activités essentielles du projet sont :
– La construction des bassins de collecte des eaux de ruissellement à raison de 01 BCER de 200m3 par Ha soit 3 bassins par producteurs pour 3 ha ;
– La fourniture du matériel d’irrigation composé de motopompe, d’un lot de tuyauterie et d’asperseur pour permettre aux producteurs, en cas de besoin, d’apporter l’eau à la parcelle ;
– La réalisation des sites antiérosifs ;
– La fourniture de petit matériel (brouette, pelle, pique, marteau, triangle, etc.) pour la réalisation et l’entretien des ouvrages antiérosifs (cordons pierreux et digue filtrante) ;
– La formation des formateurs et des agents d’appui conseil à la gestion de l’irrigation par aspersion ;
– La formation des producteurs à l’utilisation, à l’entretien des équipements d’irrigation et des ouvrages antiérosifs,
– La formation des producteurs en techniques de culture selon les courbes de niveau ;
– La formation des producteurs à la construction d’ouvrage anti érosif ;
– La mise en place d’un réseau décentralisé de mécaniciens et de plombiers ruraux chargé de la maintenance des équipements.
Activités pour la campagne 2018/2019
– 200 producteurs retenus sur la base d’un certain nombre de critères
– 480 bassins à exécuter
– L’équipement de ces producteurs avec 200 motopompes, 200 kits d’irrigation et de matériels et outillage pour les cordons pierreux.
– Les Appels d’offres pour le recrutement des entreprises de travaux et des fournitures d’équipement ont été lancés en janvier 2018
– Les travaux ont démarré sur le terrain en avril 2018 mais le démarrage précoce des pluies a conduit à une suspension des travaux qui ont été finalement reprit à la fin des récoltes.
« Le projet vise l’aménagement des parcelles en cordons pierreux y compris le traitement des ravines pour une meilleure rétention des eaux de ruissellement et l’implantation de bassins pour retenir l’eau de ruissellement à l’effet de procéder à l’irrigation d’appoint en cas de poches de sécheresse.
Il permettra d’améliorer la fertilité des sols et l’irrigation d’appoint assurera aux producteurs une source d’eau supplémentaire permettant au cotonnier de faire face au stress hydrique », explique Moumini OUAMDAOGO.
La Banque Mondiale espère partager les leçons à tirer de ce projet qui est le premier du GPOBA dans le pays et dans le secteur et de ce qu’il considère comme un modèle réussi pour d’autres projets agro-industriels régionaux utilisant des financements mixtes des secteurs public et privé.
Le Burkina Faso est un acteur majeur dans la production de coton d’Afrique et le coton est le deuxième produit d’exportation le plus important du pays en termes de revenus.
Pour mémoire, la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX) est une des plus importantes sociétés cotonnières du Burkina qui en compte trois depuis la libéralisation de la Filière intervenue en 2004. La production moyenne est de 600.000 tonnes de coton graine. 160.000 producteurs s’adonnent à la culture du coton dans la zone SOFITEX.